La Vaitūòru : « Eaux qui se lèvent et gonflent »
ou Vaitūàru : « Eau qui se lève comme une vague brutale ».
Présentation en quelques mots
En Remontant la Vaitūòru, d’Aval en Amont
Sommaire
Pour plus de facilité de lecture, le bassin versant sera divisé en 3 parties suivant la tradition orale :
Te Papa i tahatai avec 3 sous-parties :
Du littoral à la route de ceinture
De la route de ceinture au 1er pont métallique
Du 1er pont au lieu nommé Puraha
Te Papa i raro : de Puraha au lieu nommé Pufau
Te papa i nià : de Pufau au barrage Tahinu
De Pufau à Fare Hape
De Fare Hape à Tahinu
Te papa i tahatai : du littoral à Puraha
Autrefois, cette partie était appelée Vavau.
A la fin du XVIIIè siècle, selon les visiteurs européens qui ont traversé Papenoo, elle était sous l’autorité de Paitià, frère de Tu Vairaatoa, Pomare 1er. Paitià y portait le titre de Tupuaì o te raì, chef de Papenoo jusqu’à sa mort en 1804. Sa demeure était située à l’extrémité ouest de Papenoo¹ au sud. James Wilson qui traverse la vallée en juillet 1797, la décrit plantée d’arbres fruitiers et d’arbres à pain en abondance2 au sud.
Du littoral à la route de ceinture
La passe de Papenoo appelée Rautirare :
Le volume considérable des sédiments transportés vers l’océan et déposés à la sortie de la vallée a sculpté le littoral de Papenoo. Il n’y a pas de récif barrière ni de lagon.
Pourtant, à 1,4 mille nautique au nord-est de l’embouchure, des massifs coralliens immergés forment une passe donnant accès à un plan d’eau le long de la côte ouest de l’embouchure. Un chenal se dessine alors communiquant avec la passe Maahonu de Mahina.
La passe de Papenoo et surfeurs :
Face à l’horizon de l’océan, ce lieu est le domaine privilégié des surfeurs. Au temps de Matarii i nià – les Pléiades à l’est – la saison des pluies, les houles du large se jettent à l’assaut de la grande plage, ramenant les galets qui roulent et se choquent. Peu à peu, le temps passant, les houles s’apaisent, s’orientent vers la côte ouest, et le sable remplace les galets : c’est alors Matarii i raro – les Pléiades à l’ouest, la saison plus sèche.
Coquillages de Papenoo :
Ramassés durant la saison des galets, c’est-à-dire Matarii i ni’a – les Pléiades à l’Est – la saison des pluies, ces petits coquillages appelés « les larmes de la déesse Teùra Vahine », servent à faire des colliers vendus par la population de Papenoo.
Pièges à poissons : aquarelle de l’embouchure de la rivière de Papenoo par G.Tobin en 1792 :
L’analyse iconographique montre la construction de possibles pièges à poissons caractéristiques d’une société tournée vers la mer aussi bien que vers la terre. La tradition orale de Papenoo conte encore aujourd’hui la rencontre entre les dieux Taaroa, dieu créateur et Tāne, dieu des forêts et des Hommes.
L’embouchure aujourd’hui : Le bras ouest : Ahototaeaè
Le bras de l’ouest présente un débit supérieur à celui de l’est. Son embouchure est toujours considérée comme un « garde-manger » par les habitants : les īnaa, pūharehare, faìa, moi viennent de la mer et entrent dans la rivière.
Mais dans la rivière même, en la remontant, la pêche à la chevrette (ôura pape, ôura ôihaa) a disparu, on ne trouve plus de nato, et les īnaa sont de moins en moins nombreux…
Dans les temps anciens, selon la tradition orale, il y avait à l’embouchure une large anse protégée par une dune de sable. Beaucoup plus profonde, elle formait un point de relâche où jusqu’à sept pirogues pouvaient s’amarrer. La mémoire rapporte que des pirogues des Tuamotu s’y amarraient pour venir chercher du bois et des outils de pierre via Mehetià, Tautira. Avant l’extension des habitations, tout le Motu était occupé par des tarodières.
Taro :
Introduit par les Polynésiens lors du peuplement du Pacifique, il est originaire d’Indo-Malaisie. Il apprécie les milieux marécageux et étaient cultivés pour son tubercule comestible après cuisson. Il faisait partie de la trilogie alimentaire de Papenoo : fēî, ùru et taro. Il est raconté que dans les temps mythiques, lors d’une forte mortalité, il fut engendré par les pieds des hommes et que leurs poumons devinrent les feuilles.
Le littoral ouest :
Dans les années 90, le Territoire y a réalisé des enrochements le long des berges pour protéger les habitations des crues de la rivière. Selon Teuira Henry, le nom de Haapaianoo désignait la rivière et le district de Papenoo. Cette partie ouest présentait un important complexe archéologique sur environ 1 km le long de la côte ouest, comprenant plusieurs marae et les soubassements de nombreuses constructions anciennes, aujourd’hui détruits par le développement urbain.
Te marae a Te Úra Vahine ?
Selon la tradition orale rapportée par Pouira a Teauna dit Te Arapō, sur une parcelle de cette terre était implanté le marae de Teùra Vahine appelé marae Haapaìanoo, parcelle appartenant aujourd’hui à la mission catholique. En 2004, l’association Turuma y prévoyant la construction de nouveaux locaux, fait appel au SCP (Service de la Culture et du Patrimoine) qui a alors entrepris des fouilles préalables. Les travaux ont abouti à la rénovation du ahu, qui a été préservé et que l’on peut voir aujourd’hui dans la cour, entre les bâtiments (prévenir avant la visite). Il n’y a cependant pas de sources ethno-archéologiques sûres pour confirmer l’identité de ce marae.
Pêche aux īnaa ou alevins de gobiidés : Leur pêche est réglementée : l’utilisation des filets, qu’elle que soit leur taille est interdite. Seule l’épuisette est autorisée.
Īnaa ou alevins de gobiidés
Le terme īnaa se réfère aux alevins des ôopu, gobies de rivière, consommés périodiquement. Sur 5 espèces recensées, 2 sont très majoritairement concernées : Sicyopterus lagocephalus surtout, et Sicyopterus pugnans, endémique de l’archipel de la Société dont le stade adulte est appelé âpiri. Les gobies sont amphidromes : les adultes vivent et se reproduisent en rivière ; les œufs sont emportés vers l’océan où les larves doivent grandir. Ils reviennent ensuite à « leur » rivière au stade de īnaa rose. Les alevins recolonisent la rivière et deviennent noirs. La période de pêche se situe à Matarii i raro mais il peut y avoir des décalages certaines années.
Le littoral du Motu
L’îlot délimité par les deux bras de la Vaitūòru est nommé le Motu, signifiant en tahitien « coupé » et par extension îlot.Son littoral présente à la vue un large espace enclos proposant des installations récréatives et sportives tirant parti de la proximité de l’eau de mer et de l’eau douce de la rivière. Baignée par les embruns, la grande bâtisse de l’association Nuuroa surf club a été reconstruite par le Pays. L’association y organise des compétitions de surf. Un terrain de basket géré par l’IJSPF (Institut de la Jeunesse et des Sports de Polynésie Française) ajoute à la vie du lieu propice à la détente mais aussi aux activités de pêche.
L’embouchure du bras est :
Il y a quelques années, les résidus des travaux d’extractions étaient déversés plus en amont, dans ce bras de la Vaitūòru. Ils ont fini par l’obstruer en partie d’où le faible volume d’eau transporté. Les vagues ont comblé cette embouchure.
À proximité du pont du bras est
En bordure de route, de grands pistachiers (Pistachia vera), derniers géants du massif de pacayers (Pois doux ou Pois sucré, Inga mimosoidae) et àhià (Syzygium malaccense) initialement plantés, ombragent la rivière. Ce cours, qui semble immobile, du fait de sa fermeture à la mer abrite des crabes sur sa berge opposée et on y pêche des petites carangues, pūharehare.
8b.Carangues, de la famille des caranx :
Elles affectionnent les lagons et leurs pentes externes, les récifs coralliens et rocheux ainsi que les hauts fonds et les passes, entre la surface et 150 m de profondeur. Les juvéniles et les adultes migrent occasionnellement dans les embouchures. Les juvéniles peuvent remonter les cours d’eau sur plusieurs kilomètres. Les bébés carangues de la longueur d’un doigt sont baptisés harehare, puis pūharehare lorsqu’ils atteignent 20 cm.
L’accès au bras est : Entre les deux ponts, juste après le 1er, un abri bus pour les élèves et les habitants de la commune marque l’accès à l’embouchure.
La pierre Haururu :« se rassembler dans la paix ou la paix qui rassemble »
Sous la route de ceinture au niveau du panneau indicatif « Karting », se trouve enterrée une pierre du nom de Haururu. Elle fut enfouie lors des travaux de construction des ponts. Selon Te Arapō, Haururu était l’un des noms de Papenoo. Il y avait une grande pierre sur la terre qu’on appelait du même nom (le terrain sur lequel est toujours implantée la famille Teuira, mutoì – policier municipal- de père en fils) et qui allait jusqu’à la rive de la Vaitūòru ».
L’habitat sur le Motu :
Formé à partir de la séparation de la rivière en 2 bras, il est densément peuplé et s’étend de la mer vers l’intérieur de la vallée sur environ 1 km.
Le pont de Papenoo :
Ce pont a remplacé l’ancien (dit Pont Solari) situé un peu plus en amont.
Le pont de Papenoo après le cyclone Veena :
Le 12 avril 1983, le cyclone Veena s’abat sur Tahiti. En 18h, les rivières de l’île charrient plus de 20 millions de m3 d’eau. Le pont de Papenoo, sur le bras ouest, perd une de ses portées et une partie s’effondre.
Avant l’embouchure, les témoignages font état d’une montée des eaux de plus de 4m. Les récits rapportent une crue plus importante encore en 1955.
A2. De la route de ceinture au 1er pont métallique
Entrée de la route d’accès dans la vallée :
A partir de la route de ceinture, sous le panneau « dos d’âne à 500m », nous mettons le compteur à zéro pour faciliter le repérage des points relevés.
Cette route d’entrée dans la vallée a été mise en place lors du projet EnerPol, pour la construction des barrages, projet abandonné par la suite.
Les travaux du projet de route traversière du Général de Gaulle, avaient commencé sur le plateau Atohei pour redescendre et aboutir aux environs du PK.3 à l’intérieur de la vallée. La route longeait ensuite la rivière jusqu’aux environs de la centrale 0. Elle remontait ensuite vers le plateau Titiàfaatau, jusqu’au plateau Umauma à partir duquel les travaux devenant trop difficiles, le projet fut abandonné.
P.K.0- Fresque sur les murs des locaux de la TEP :
En 2011, la société TEP, Transport de l’Energie électrique en Polynésie française, a lancé une opération de décoration de ses murs en collaboration avec l’association Haururu. Ce sont les projets de jeunes de Papenoo qui ont été retenus. Inspirée des légendes propres à la vallée, elle a été inaugurée en 2012.
P.K.0,1- Guérite des mutoì, police municipale : Inauguré le 5 juillet 2011, ce petit fare situé à l’entrée de la vallée a pour but d’interdire les dépôts de déchets sauvages, les nuisances sonores et surtout d’informer les usagers des dangers éventuels en cas de conditions climatiques défavorables. En effet, à 9,5 km en amont, la route cimentée ou radier longe le 1er barrage sur la Vaitūòru et est recouverte d’eau en période de crue rendant la traversée impossible.
Le feu s’impose à la vue :
Orange clignotant : accès autorisé
Rouge clignotant : accès dangereux : conditions météo changeantes
Rouge : accès interdit
P.K.0,1- Plaque commémorative de l’emplacement de l’ancien pont appelé Pont Solari :
Il s’agissait d’un pont entièrement métallique à une voie qui servait de plongeoir aux enfants, de lieux de rendez-vous… Ombragé par les manguiers, le lieu sombre favorisait les histoires de fantômes et de la « Dame blanche » liée au marae sur le plateau. Cette plaque mériterait d’être mise en valeur.
La concentration de l’habitat le long de la rive Ouest :
Le 1er km est occupé par des maisons individuelles qui concentrent quelques 300 personnes sur une population communale totale de 3500 personnes (année 2007, Institut de la Statistique de Polynésie française). Cet espace densément peuplé est bordé à l’est par la rivière et à l’ouest par les falaises du plateau Atohei. Avec la forte augmentation de la population, en période de fortes pluies, les caniveaux des maisons situées sur le plateau ne suffisent plus à évacuer les eaux qui se déversent vers la Vaitūòru augmentant ainsi les risques d’inondation.
P.K.0,9 – Entreprises d’agrégats :
La vallée représente le plus important gisement de matériaux d’origine alluvionnaire de l’île. Trois grandes entreprises d’extractions, de concassage et fabriques de parpaings fournissaient l’île de Tahiti et les îles.
Zone de friches :
Sur les 4 km suivant, on traverse une zone d’habitat plus ou moins dispersé avec des espaces laissés à l’abandon témoignant d’anciennes activités d’extractions, des terrains où sont entreposés des buses et matériaux appartenant à EDT, Electricité de Tahiti.
P.K.1,9 – Ôfaì faò :
Face à ce petit ruisseau qui s’écoule sur la route, sur l’autre rive, en face, un gros rocher servait de pahu –tambour-aux habitants de la basse vallée pour prévenir de l’arrivée de visiteurs. Des battements codés signalaient leur identité et leur statut. Ce rocher existe toujours mais il est au sec maintenant.
Il y a une trentaine d’années, c’était un lieu de baignade pour les enfants. Ils s’amusaient à plonger et à se cacher un temps dans la grotte qui se trouvait sous la surface.
P.K.1,8 – Pū-Vini : endroit où l’eau tourbillonne. Cette photographie prise il y a 45 ans donne une idée des modifications que le tracé de la rivière a pu subir. Pour accéder au fond de la vallée, il fallait traverser de nombreux gués. Les Anciens plantaient des arbres fruitiers, souvent des manguiers après leur introduction, pour signaler les passages, les haltes. Quasiment à chaque coude, il y avait un Pū qui ralentissait l’eau. A partir de Ôfaì-faò, en se retournant vers l’aval, le tracé de la rivière est rectiligne. Mais avant les travaux d’enrochement du lit de la Vaituòru, à cet endroit, la rivière faisait un coude, siège d‘un tourbillon – Pū – et les habitants, leurs chevaux utilisaient l’énergie générée par la force de l’eau pour se propulser vers l’autre rive.
PK 2,45 – Entrée de la décharge pour encombrants
Située sur un terrain de près de 10 000m2, cette décharge serait fermée. Un panneau d’interdiction de dépôt des déchets devait être posé.
PK 2,55 – Tahiti Nui Karting : Cette petite entreprise familiale propose à la location des karts à expérimenter sur un petit parcours, pour enfants à partir de 7 ans et pour adultes.
Ouverte de mercredi à dimanche, elle met à disposition des tables et un barbecue pour passer un moment de détente en famille. Il est aussi possible d’y louer un vélo pour une promenade dans la vallée. Consulter son site du même nom, pour de plus amples informations.
PK 2,9 – Entrée du dépotoir pour déchets verts :
Les déchets verts étaient déposés sur ce terrain qui appartient au domaine fluvial public. Cette décharge devrait être aussi fermée. Là aussi, un panneau d’interdiction de dépôt des déchets devait être posé.
PK 3,5 – Entreprise d’extraction :
Derrière de hauts talus de terres arborés, on entend le bruit des engins qui travaillent en semaine le long de la rivière.
PK 5 – Centrale 0 :
À 30m d’altitude, « la centrale de Papenoo 0, alimentée par le barrage de Puraha est équipée de deux turbines Francis-double et a produit en 2016, l’équivalent de l’alimentation électrique de 7 700 foyers. »
PK 5,3 – Hoìraa o nā māhū -le retour des « efféminés »
Lors d’une période de famine, deux māhū ou « efféminés » allèrent récolter des fruits. Entendant quelqu’un crier, ils eurent peur et rebroussèrent chemin d’où le nom donné au lieu. Autrefois, une immense bambouseraie fermait le passage, difficile à franchir. Au sein de ce vaste espace, plus d’une centaine de vaches paissaient en liberté et descendaient vers la mer. Il était facile de s’y perdre.
Coulée prismatique et Ana tāporo –grotte au citronnier :
De ce lieu, on découvre à droite, à 100 m, une coulée prismatique, forme fréquente dans la nature des îles volcaniques. La formation de ces structures très régulières est liée à la rétraction progressive de la lave au cours de son refroidissement.
Au pied de ce pan de falaise, la grotte dite Ana tāporo offrait un point de halte et de repos aux chasseurs ou à ceux qui empruntaient la route de la vallée. Elle a été comblée de terre et la végétation la cache désormais. Il y avait là autrefois un citronnier qui servait de repère.
PK 5,5- Cascade dite Vai Tāporo :
Toujours à ce même endroit, sur la droite de la paroi rocheuse, un petit sentier serpente jusqu’à une très jolie petite cascade ombragée de mati, à 5 minutes de marche.
PK 5,5 – Mati :
Cet arbre fut introduit par les Polynésiens. Il produit toute l’année. Ses baies ajoutées à des feuilles de tou, pilées et additionnées d’eau donnent une teinture rouge. Son écorce fibreuse servait à la confection de cordages, de lignes de pêche, de filets.
PK 5,5 – Cascade Topatari:
Toujours de ce même point, on peut admirer vers le goulot de montagnes, sur la rive gauche, la cascade Topatari. Trois sens sont proposés par le dictionnaire du Fare Vanaa pour Topatari : 1. Noyade par manque d’oxygène lors d’une plongée 2. Faillite 3. Violente affection de l’esprit 4. Chute abrupte.
PK 6,1 – Grands māpē appelés autrefois rātā :
La route traverse une petite forêt de māpē dont les feuillages voilent la lumière qui cède sa place à une douce et silencieuse pénombre. Les racines tourmentées de ces arbres majestueux ajoutent au mystère du lieu.
Introduits par les Polynésiens, ces châtaigniers d’Océanie aiment les sols humides. Leurs fruits débarrassés de leurs enveloppes très dures sont cuits et très appréciés ; autrefois ils représentaient une source de nourriture lorsque les fruits de l’arbre à pain se faisaient rares.
PK 6,3 – Lieu dit Mamaò : Entrée du Gué dit Taura :
On a pris l’habitude de nommer ce lieu Mamaò du nom de la terre située de l’autre côté. Mamaò peut vouloir dire « offrandes de premiers fruits aux dieux ». En arrivant sur cette large place dégagée où de nombreux pique-niqueurs se garent les week-end, à gauche, un petit chemin carrossable mène à un coude de la rivière bordée par la falaise. Il y avait une corde pour traverser, d’où le nom.
P.K.6,3 – Gué Taura :
Le lit présente alors un lieu plus profond propice à la baignade. Le fond se relève en aval pour former un gué que les employés du service hydrologie utilisaient pour traverser et faire leurs relevés pluviométriques. En effet, à partir de 1970, un réseau de postes climatologiques est installé : on y relève à ce poste une pluviométrie de 4700mm/an sur la période 1974-1987.
PK 6,3 – Seconde guérite et panneau informatif :
En 2012, une petite maison financée par la DIREN, Direction de l’Environnement, était inaugurée. Mise à disposition des associations, elle devait servir à exercer une certaine surveillance sur l’entrée de la vallée au-delà du pont : avertir des risques liés aux conditions météorologiques défavorables et dissuader les amateurs de voitures « boom boom » de s’y installer pour conserver la quiétude des lieux.
PK 6,3 – Le 1er radier :
Ce 1er radier, constamment immergé, est franchissable avec un 4×4 par beau temps. De sa traversée, au ras de l’eau, on retient la surprenante fraîcheur qui monte de la rivière dans un site grandiose. Les promeneurs viennent souvent laver leur voiture sur sa bordure. Le lieu est propice à la baignade et au pique-nique. Cependant, en période de crue, il devient totalement impraticable.
PK 6,3 – Le 1er pont métallique :
Il offre une alternative au radier pour traverser la rivière et permet aux petites voitures l’accès à la partie plus profonde de la vallée. Il a été édifié par EDT-Marama Nui ; peu de temps après, une partie a été emportée puis il a été reconstruit tel qu’on le voit aujourd’hui, avec les « haubans ».
A3. Du 1er pont de Mamaò à la cascade Puraha :
Cette partie était toujours sous l’autorité du arii Tupuaì o te raì. Selon la tradition orale, l’une de ses vallées, Te Faa iti – La petite Vallée- offrait un lieu de refuge temporaire en temps de guerres pour les femmes, les vieillards et les enfants3 au sud.
PK 6,4 – Les falaises du plateau Titiàfaatau : Après le pont, le regard découvre une large place ; un arrêt s’impose pour admirer les parois abruptes des hauts plateaux auxquelles la Vaitūòru se heurte. Ces plateaux témoignent d’une activité volcanique tardive. Des éruptions ont remobilisé les flancs du volcan constitués de matériaux hétérogènes, (boues, blocs de roche, cendres). Ils ont empli puis comblé le fond des vallées en durcissant, obligeant la rivière à les contourner et à creuser un nouveau lit.
PK 6,8 – Plateau Umauma : Ce haut plateau, d’altitude moyenne de l’ordre de 500 m est séparé du précédant par la vallée encaissée de la Vaihoroahiahi. Sur ce plateau, se seraient déroulés les derniers combats de la guerre franco-tahitienne (1844-1846). Le projet de barrage initial d’Énergie de Polynésie, situait le 1er barrage en ce lieu, entre les falaises et la paroi rocheuse. Il a ensuite été abandonné car les sondages de roche n’y étaient pas propices.
P.K.6,8 – Matietie : Transporter
À droite, on découvre un vaste espace dégagé où des familles plantent parfois leurs tentes ou viennent pique-niquer.
Entrée de la vallée de la rivière Putoà ou Vai-Putoà :
En s’avançant jusqu’au bord de la rivière, on découvre sur la gauche la rivière Putoà qui se jette dans la Vaitūòru. Elle longe les parois de la crête Te Piha-ia-Tētā dont le point culminant est de 1742m, puis celles du plateau Umauma. La toponymie établit ainsi la renommée du roi Tētā qui accueillait les réfugiés venus se placer sous sa protection : Te-Piha-ia-Tētā, la Chambre de Tētā.
P.K.7,5 – Cascade Vaiharuru
Cette cascade coule toute l’année. Elle se jette du haut du plateau Tupa dont l’altitude en son point le plus haut s’élève à 527 m.
Pk.7,8 – Âèho :
Sur la gauche, à flanc de montagne, ils poussent sur les pentes ensoleillées au milieu des fougères. Ils étaient utilisés pour recouvrir les toitures, confectionner des torches, et plus tard comme fourrage pour les chèvres. La paille de ses hampes florales servait à confectionner des chapeaux. Leur floraison annonçait le solstice d’été austral et la grande fête du pararaa matahiti.
P.K. 8,6 – Le parc naturel protégé Te-Faa-iti, la petite vallée :
Un vaste espace dégagé le long de la route permet de garer les voitures puis de continuer à pied par le petit sentier qui mène à la traversée de la Vaitūòru à gué pour découvrir ce parc créé par arrêté du Conseil des ministres en juin 1989. Il offre de belles randonnées de 5 à 8 heures aller et retour et 2 refuges pour bivouaquer. Il est fortement conseillé de prendre un guide et de surveiller le temps pour ne pas se faire surprendre.
Panneau à l’entrée du chemin d’accès à la Te-Faa-iti : Dans cette vallée protégée par les flancs de la crête Te Ivimarama, les falaises du plateau Tupa et les parois abruptes de la crête Te Piha-ia-Tētā, la rivière Vaipaea dévale le long d’un important dénivelé. Au regard de l’importance et de la nature des vestiges archéologiques, cette vallée a pu être une réserve alimentaire périodiquement entretenue et donc être une enclave refuge pour les gens de Papenoo en temps de guerre.
Gué pour accéder à Te-Faa-iti : Ce gué permet d’accéder à la vallée. Au 2è refuge, on y raconte la légende de Fateteurua, le bébé carangue élevé par un couple qui y vivait et retourné vers l’océan, rejeté par sa famille d’adoption qui ne pouvait plus le nourrir, tant il était devenu énorme. Te-Faa-iti était réputée pour son àva, boisson à partir de la racine de àva, elle fut visitée par des guerriers de Te-Motu-Tapu-o-Rā, île sacrée du Soleil, autre nom de Bora -Bora.
Àva :
Domestiqué au Vanuatu, il a été transporté lors des migrations polynésiennes. A partir des racines pilées et macérées dans de l’eau, on tire par filtration une boisson aux propriétés anesthésiantes et relaxantes. D’origine mythique, le àva est issu de la colonne vertébrale des hommes ensevelis à la suite d’une forte mortalité. Dans les îles de la Société, il servait à préparer une boisson cérémonielle.
P.K.8,8 – Sentier d’accès à la confluence de la Vaitūòru et Vaipaea : En continuant sur la route principale de la vallée, après le chemin menant au gué, deux jeunes cocotiers, sur la droite, marquent l’accès à la confluence des 2 rivières, sans avoir à traverser la Vaitūòru. On y découvre un joli bain.
P.K.8,8 – Confluence Vaitūòru et Vaipaea : Grotte Te-Ana-Marara-a-Rere-a-Tau : A la confluence des rivières Vaipaea et Vaituòru se situait une grotte profonde et haute d’une dizaine de mètres, large d’une vingtaine et composée de 2 salles séparée par un mur allant de l’ouverture au fond. Dans les temps où « les hommes étaient trop nombreux pour vivre tous sur le rivage », cette grotte était habitée par le couple Turi et Reva d’un côté et par Tere, célibataire, de l’autre. Les relations entre les trois habitants de la grotte se détériorèrent peu à peu… La légende raconte alors comment Turi put garder sa femme Reva, friande de poissons volants, les mārara …
P.K.9,3 – Cascade Vaitiare et piton rocheux Te ure o Hiro, le sexe de Hiro : A ce point, les abords de la route dégagés permettent de s’arrêter…
…pour observer la cascade Vaitiare -rivière de fleurs- se jetant du haut du plateau Tupa. Sur la gauche de la photo, se dresse le piton rocheux du nom de Hiro, nom du dieu des voleurs ou d’un fameux navigateur ; masse cylindrique de magma visqueux, remonté des profondeurs et coupant les coulées de lave antérieures plus fluides.
P.K.9,3 – Marae sur la terre Tefaahuhu : Sur la gauche, un chemin de pierres mène à un marae qui fait partie d’un vaste complexe archéologique de 5000 m2 dont seule une petite partie a été mise à jour et restaurée en 1992 par le département archéologique du Musée des Iles. Ce marae présente un type d’architecture rare à Tahiti : des murs construits de pierres rondes liées au culte de Òro et un ahu présentant l’architecture de Taputapuatea situé à Raìatea aux Iles sous le Vent. Par convention avec le Pays, l’association Haururu entretient et garde les lieux en état.
Òfe: Cette herbacée fut certainement introduite par les premiers polynésiens puisqu’elle ne se reproduit pas par graines. Ses longues tiges ou « chaumes » servent à de multiples usages : contenants, outils coupants, ustensiles de pêche, instruments de musique… La vallée de la Vaitūòru était réputée pour son òfe puhi -anguille cuite dans les bambous- au four tahitien et ce mets apprécié des gens de la côte servait de monnaie d’échanges pour franchir les limites partageant les trois grands domaines de la vallée, mais aussi pour se procurer du sel.
Accès vers la cascade : A droite de ce marae, un sentier serpente entre les bambous et mène à une petite cascade.
P.K.9,3 – Cascade sur la terre Te-Faahuhu.
Manu òfe : Le silence du lieu est souvent agréablement troublé par le chant très mélodieux du manu òfe, qui se cache dans les bambous.
Endémique de Polynésie française, l’espèce est protégée, classée « vulnérable » et inscrite sur la liste rouge de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
P.K.9,7 – Le premier barrage : Te-Vai-o-Hiro –rivière de Hiro : Ce barrage a été mis en service en 1997. Il a une capacité de 150 000 m3 pour une hauteur de 8m. Il n’est pas à son emplacement définitif. En effet, il aurait dû être construit plus en aval de l’ouvrage existant, avec une digue d’une hauteur de 10m. Pour diverses raisons l’ouvrage définitif n’a pas été réalisé et l’ouvrage provisoire est resté. Il n’est pas « suffisamment » dimensionné pour les machines en place à Papenoo 0.
Radier du barrage Te-Vai-o-Hiro avec la Vaitūòru en crue : Des bornes en ciment peintes de couleur ont été placées sur la bordure droite du radier. Lorsque le niveau de la rivière atteint : -la couleur orange : passage possible avec 4×4. -la couleur rouge : passage interdit. « Ua mimi o Teùra Vahine » – la déesse Teùra s’est soulagée dans la rivière-, est l’expression que les Anciens utilisaient pour décrire les débordements de la Vaitūòru.
Cascade Puraha appelée aussi Hitapere-Faahoì – cascade tournée vers l’intérieur des terres : Les pirogues pouvaient remonter jusqu’ici et s’amarraient près de la cascade. Puraha ou « concentration de lucioles » tiendrait son nom du fait qu’à une certaine époque de l’année et à la pleine lune, il y avait des insectes semblables aux lucioles qui se regroupaient tout près. Toutes ces petites lumières brillaient et éclairaient les alentours. Ces insectes se posaient, s’accrochaient à la pierre située au pied de la cascade. Puraha peut aussi se traduire par « qui transmet la bienvenue »
Orgues basaltiques : Ces formations sont fréquentes dans les coulées basaltiques et s’observent à plusieurs endroits. Elles doivent leur nom à leur forme de colonnes ainsi qu’à leur agencement qui rappellent les tuyaux d’orgue d’une église. Les prismes offrent le plus souvent une section pentagonale ou hexagonale.
Ces coulées étaient utilisées par les Anciens pour la fabrication d’herminettes.
Ôtuu ou aigrette sacrée :
Depuis toujours, ce lieu abrite des ôtuu, noires ou blanches. Il existe aussi des individus blancs mouchetés de gris qui sont plus rares. Ces oiseaux au long bec sont friands d’insectes, de lézards mais aussi de petits poissons et crustacés. Ils fréquentent les bords de rivières comme les récifs frangeants et platiers des lagons.
L’espèce est classée « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l’UICN.
Moora ôviri :
Le lac formé par le 1er barrage attire les canards à sourcils qui aiment à venir nager sur ce plan d’eau. C’est le seul canard sauvage qui se reproduit en Polynésie française.
L’espèce est classée « préoccupation mineure » dans la liste de l’UICN.
2ème goulot d’étranglement : crête Te Ivimarama:
La montagne Puraha et la crête Te Ivimarama marquent un second goulot d’étranglement, second poste frontière avant la haute vallée.
L’autorité du arii Tupuaì–o-te-raì, « chef » de Papenoo s’arrêtait à cet endroit.
Crête Aramaoro :
En face de la crête Te Ivimarama, sur la gauche se dresse la crête Aramaoro, « qui se réveille tard » : un nom tout à fait adapté pour cette ligne de crête. En effet, orientée nord-sud, la paroi de falaises que l’on découvre en suivant la route, tournée vers l’ouest, reste longtemps à l’ombre, attendant que le soleil monte dans le ciel pour l’éclairer, d’où son nom.
B. Te Papa I Raro : Le Domaine De Mootuaraha4
La Femme Lézard Au Dos Couvert D’écailles Ou Large
L’autorité de Paitià, Tupuaì o te raì ne s’étend plus à cette partie de la vallée. Ici, commence le domaine de Moo-tua-raha, déesse-lézarde, à la forme de lézard le jour et à forme humaine la nuit.
De la cascade Puraha à Pūfau, la maison des chasseurs
P.K.10,1 – Chemin du bas de Puraha à Pufau :
Il s’agit de l’ancien chemin tracé par Marama-nui qui longe la rivière. Actuellement, il est fermé car par forte pluie, il n’est plus praticable en voiture en raison des ruisseaux qui se jettent dans la Vaitūòru.
P.K.10,8 – Sentier d’accès à la grotte Ana-Piro, grotte à la mauvaise odeur :
Difficile à repérer, le sentier d’accès à la grotte se situe au début de la descente en ciment, sur la droite en bordure du massif de bambous, le long de la pente. Visible grâce aux herbes couchées, il mène à une grotte après une marche de 2 heures aller-retour. Sa visite est soumise à autorisation, se renseigner auprès de la mairie.
Une pierre cousue de Jean-Paul Forest représentant Mootuaraha : lézard au dos couvert d’écailles :
Cachées à l’ombre de la végétation, les pierres cousues de l’artiste Jean-Paul Forest se révèlent à l’œil curieux et inquisiteur du visiteur. La Femme-Lézard a été le thème de ses nombreuses œuvres qui jalonnent le lit de la rivière et de ses affluents ; certaines ont été emportées lors de crues. Ses œuvres ont fait l’objet d’une exposition dans le hall de l’Université de Polynésie française le 10 avril 2014 dans le cadre de la célébration de la Journée des Arts et de la Culture dans l’Enseignement supérieur.
Grotte Ana-piro –grotte à l’odeur pestilentielle :
La grotte Ana-piro rappelle que la déesse à la forme de lézard Mootuaraha cachait ses victimes dans cette grotte pour venir ensuite s’en repaître, d’où le nom lié à l’odeur des cadavres en décomposition.
P.K.11,7 – La seconde centrale Papenoo 1 :
Elle est alimentée principalement par le barrage de Vaitūòru et neuf captages complémentaires. Equipée de deux turbines Francis-double, elle a produit sur 2016, l’équivalent de l’alimentation électrique de 8000 foyers. La nouvelle turbine VLH (Very Low Head) installée par Marama nui dans le canal de fuite en septembre 2017 permettra d’alimenter 180 foyers supplémentaires. Cette turbine présente de nombreux avantages : elle est entièrement immergée (intégration paysagère), silencieuse et elle « aime les poissons ». En effet, les pales de la turbine tournent lentement, et elles n’empêchent pas la migration piscicole.
P.K.11,7 – Chemin d’accès au rocher Pona-roa : long phallus
Aussitôt après avoir dépassé la centrale, avant d’entamer la montée, un chemin à gauche mène en bordure de rivière vers ce rocher.
Rocher Pona-Roa :
Selon Raymond Graffe, « En période de Matarii i nià –Pléiades à l’Est- (…) les femmes stériles venaient sur Pona-Roa. Cette pierre était réputée pour avoir le pouvoir d’enfanter. Grâce à un rituel nocturne en présence de toute la communauté, on disait qu’à la future lune, ces femmes tomberaient enceintes… »
La crête Fareueue :
Arrivé au sommet de cette première montée à 15%, on découvre sur la gauche, la majestueuse crête Fareueue qui se pare de multiples cascades en période de grosses pluies : on les compare alors aux cheveux de la déesse Teùra Vahine ou Pere, Pele à Hawaii, l’ombrageuse déesse du feu souterrain de la terre.
P.K.12,8 – Point de vue « Bellevue » :
Après une seconde montée, toujours à 15%, on découvre une partie de la caldeira avec la montagne Fare-Fenua au centre, à la forme de pyramide dont le sommet est tronqué. Dans les années 1880, l’abbé Rougier, arrivé à Tahiti en 1849, achète des terres dans la vallée dont la parcelle du nom de Fare-Fenua. La grande majorité de ces terres a été revendue au Pays. La gestion de la parcelle Fare-Fenua a ensuite été affectée à l’association Haururu.
P.K.13,2 – Accès à la confluence des rivières Vaitūòru et Maaiaruahine :
Au pied de la descente, sur la gauche, un chemin carrossable mène au bord de la rivière d’où on peut apercevoir la confluence.
A la confluence de la Vai-Maaiaruahine et de la Vaitūòru :
Une aire de repos a été aménagée avec des bancs. Cet affluent de la Vaitūòru porte le nom de la déesse Mootuaraha lorsqu’elle reprend sa forme humaine la nuit. Maaiaruahine aime alors à surprendre les hommes solitaires. Suivant son humeur, ils s’en repartiront saufs ou bien…. lui serviront de repas ! Le terme Maa-ia-ruahine peut aussi se traduire par « Nourriture-pour-la déesse ».
P.K.14,3 – Accès au plongeoir de Teùra-Vahine : Te-Nāueraa-a-Teùra-Vahine : Juste après une petite cascade à flanc de montagne, un chemin à gauche, à virage très serré, mène à un gros rocher situé sur l’autre rive.
Te Nāueraa-a-Teùra-Vahine, le plongeoir de Teùra-Vahine : Selon la tradition orale, c’était le plongeoir de la déesse Teùra-Vahine, déesse du feu sous-terrain de la terre et par extension déesse du volcan. Les enfants de Papenoo connaissaient bien aussi ce lieu et se souviennent encore de leurs jeux ; mais il y a quelques décennies, le niveau de l’eau était beaucoup plus haut.
P.K. 14,4 – Ôfaì Te-Pihaiatētā, la pierre Te Pihaiatētā : Très éloigné de la crête du même nom située dans la basse vallée, ce rocher annonce l’entrée dans la caldeira. Il marque le changement de statut des lieux. On quitte Te-Papa-i-raro – le socle du bas – espace intermédiaire, pour entrer dans Te Papa-i-nià, Te Piha-ia-Tētā : la Chambre du roi Tētā ou vallée refuge.
P.K.14,5 – La route se divise en deux : Il est nécessaire de traverser la Vaitāmanu, affluent de la Vaitūòru, pour continuer la visite. Cette rivière peut être traversée soit par un radier, soit par un pont en suivant le chemin de droite, souvent boueux si le niveau de l’eau est trop haut. Le radier est très malmené par les crues, il est préférable de le traverser en 4×4.
Le radier de la rivière Vaitāmanu : Le nom de cette rivière peut faire référence au tāmanu, inophillum calophillum, mais aussi au plateau Tāmanu de Punaauia. En effet, la vallée de la Vaitāmanu communique avec le plateau Tāmanu à Punaauia par le col Òtare.
Tāmanu : Cet arbre était autrefois sacré et planté dans l’enceinte des marae. Les dieux aimaient s’y poser lors des cérémonies. Son bois était utilisé pour la confection des idoles uniquement. Son amande permet de préparer une huile médicinale.
Le second pont métallique : En son milieu, en levant les yeux vers le flanc de montagne sur la gauche, on peut apercevoir des fleurs d’hibiscus rouges qui tranchent sur les tons de vert de la végétation.
Hibiscus rouge : àute : Lors de leurs traversées, les Anciens emportaient des branches d’hibiscus pour les planter et baliser les sentiers. Visibles de loin, ces fleurs rouges permettaient de retrouver le bon chemin et indiquaient aussi la présence d’une grotte donc d’un abri.
Grotte Pūfau, « touffe de fau » hibiscus tiliaceus ou « lieu de rencontres » :
Il faut traverser le pont, emprunter un petit sentier sur la droite, contourner le flanc rocheux pour arriver à une petite grotte. Seulement à 120 m d’altitude, large de 8m et haute de 4 m, cette grotte était traditionnellement utilisée comme halte par les groupes allant à l’intérieur de la vallée ou effectuant la traversée vers Mataiea ou Papara. Elle servait aussi de lieu de prières à la famille Mallardé installée sur les lieux : la petite niche dans le roc où était posée une statue de la Vierge Marie est toujours visible.
Roses de porcelaine, etlingera eliator :
Cette herbe charnue de la famille des gingembres est d’introduction moderne en Polynésie française. Ces massifs témoignent souvent d’anciennes plantations à vocation ornementale. Les larges tiges et leurs feuilles servaient de toitures pour les abris.
Purau, fau :
Arbre indigène à la Polynésie, toutes les parties de cet arbre, de la racine aux feuilles et fleurs sont utilisées pour de multiples usages y compris dans la pharmacopée : les branches comme chevrons de toitures, le tronc pour les pirogues, l’écorce pour les jupes de fibres ou more, les feuilles pour faire des tapis recouvrant le four tahitien, les fleurs pour une teinture violette…
Refuge de l’association Vaitūòru -Nui des chasseurs :
Édifié dans une cour arborée qui ressemble à un jardin où des arbustes odorants alternent avec des plantes alimentaires, le petit fare appartient à l’association Vaitūòru -Nui des chasseurs de cochons et de chèvres. Son accès est privé. C’est en ce lieu que Louis Mallardé avait construit sa maison et ses dépendances et notamment un four à pain détruit lors de la construction de la route traversière. Il y gardait le troupeau de bovins appartenant à la mission catholique. Les gens de Papenoo allaient chercher la viande quand il tuait une bête.
P.K.14.7 La rivière Mareiàti – attraper au lasso :
Le nom ferait allusion à une ancienne coutume qu’auraient eu les habitants, d’attraper des victimes pour les sacrifier en les livrant à la merci de la déesse Mootuaraha qui les emmenait dans sa grotte située plus bas.
Dans le V formé par la jonction de la Vaitūòru et de la Mareiàti, Kenneth P. Emory, en 1933, note la présence d’une plate-forme comme étant le site d’une église. Il ajoute que sur une carte de 1876, le gouvernement français y place un village appelé Mariuti (probablement pour Mareiàti)
Ìeìe, fara pepe :
Avant d’emprunter la forte pente et de continuer la visite, il faut prendre le temps de regarder sur sa droite. A partir du mois de mai, à l’approche de la saison de Matarii-i-raro, Pléiades à l’ouest et saison sèche, cette variété de pandanus offre ses fleurs d’un orange vif à l’appétit des papillons. Pour cela, on l’appelle aussi : fara pepe, « pandanus pour les papillons ». Ses racines aériennes sont très résistantes et étaient utilisées pour des cordages ou de la vannerie.
C. Te Papa I Nià
Le Domaine de Te-Hē – La Chenille
Vaste caldeira de 8km de diamètre
Cette grande cuvette, très densément peuplée selon la tradition orale était désignée par le nom de Te-Piha-ia-Tētā, la « chambre » de Tētā, et bénéficiait du statut de « vallée refuge » pour ceux qui avaient des difficultés politiques ou autres5.
Les données archéologiques confirment : « Entre les XVIIe et XVIIIe siècles, l’expansion de la population et les besoins concomitants d’exploitation de nouvelles ressources, amènent les habitants à intensifier l’occupation de la vallée jusqu’aux confins de la caldeira6 ».
C1. De Pūfau à Fare Hape – Maison de la Chenille :
P.K.16 : paroi de lichen blanc : A ce point, la paroi de la montagne s’offre recouverte de lichens.
P.K. 16,8 – Barrage Vaitūòru de face : Il devait servir uniquement de décanteur pour la centrale 1. Sa façade a été aménagée de gros blocs de roche pour mieux se fondre dans le paysage minéral et culturel en rappelant ainsi la conception des marae de pierres. Situé à une altitude de 200m, sa digue mesure 12m de haut pour une longueur en crête de 220m. Il présente un déversoir frontal.
Barrage Vaitūòru vu d’en haut : Sa capacité est de 100 000m3. Ses eaux sont turbinées à la centrale 1 située en contrebas.
PK 17,7 – La troisième centrale 2 : A une altitude d’environ 200m, « (…) La centrale de Papenoo 2 est alimentée par trois barrages (Tahinu, Vainavenave et Vaitapaa) et sept captages complémentaires au fil de l’eau. Elle est équipée de trois turbines Pelton d’une puissance nominale totale de 3 x 4 000 kW. Elle a produit sur 2016, l’équivalent de l’alimentation électrique de 9 500 foyers ».
Division de la route : 3ème pont métallique avec radier
P.K.17,8 – Nouvelle division de la route : Après avoir traversé le radier ou le pont, la route se divise en 2 voies : celle de gauche longe un vaste espace dégagé où se trouvaient des entrepôts de la société Marama Nui et dont il ne subsiste qu’une dalle en béton ; elle mène au marae Anapua. Nous empruntons celle de droite qui nous dirige vers le petit hôtel nommé le « Relais de la Māroto »
PK 18,2 – Accès au Relais de la Māroto : D’une capacité de 22 chambres, il offre une halte tranquille où l’on peut se reposer et se restaurer.
Le Relais de la Māroto : Construit tout d’abord pour héberger le personnel des chantiers de construction des barrages, le Relais est désormais tourné vers l‘accueil des touristes. Il y a quelques années, sa cave était très réputée.
Pua : Au sortir du Relais, à droite, un pua présente ses fleurs parfumées à l’approche de la saison Matarii-i-nià, Pléiades à l’Est, en novembre, ou bien ses fruits orange vif si la saison est plus avancée ; fruits qui servent à faire une teinture orangée. Son bois était sacré, dédié au dieu Tāne et servait à la réalisation de ses tambours.
Division de la route et Héliport :
La voie de gauche longe un héliport et conduit au tunnel traversant la crête vers le lac Vaihiria et Mataiea. La voie de droite mène à Fare Hape -Maison de la Chenille.
PK 18,5 – Paì taro :
Suivons la voie de droite. Selon la tradition orale, l’espace que l’on découvre dans la descente de la route cimentée était couvert de plantations de taro. Il est situé sur le plateau Tuutini. L’association Haururu a décidé de replanter ces tubercules pour faire revivre cette tradition et pour revenir à une alimentation plus saine et naturelle.
P.K. 18,65 – Ôpuhi mouà, ôpuhi maòhi, gingembre des vallées : Sur la gauche, on découvre, les longues tiges ornées de grandes feuilles de cette variété de gingembre. Elles étaient utilisées comme toitures pour les abris, comme litières pour les randonneurs, ou pour les matelas et les coussins. Les feuilles ont une odeur très agréable que l’on peut apprécier en les froissant entre ses mains. Broyées et réduites en purée, elles étaient ajoutées à la préparation de teintures végétales pour servir de mordant ou fixateur de la couleur.
PK 18,7 – Gué de la rivière Vaitapaa et bain : On peut traverser ce petit cours à gué et s’y baigner. Son lit encaissé génère de hautes montées des eaux en période de pluies. En amont, une retenue d’eau y a été construite qui alimente la Centrale 2.
4ème pont métallique : « Financé et construit par EDT – Marama-Nui, ce pont Vaitapaa a été installé en novembre 2014. Les ponts ont été posés pour sécuriser l’accès à la vallée en cas de crue».
Fare-Hape : le village de l’association Haururu
A partir de l’année 1997, l’association Haururu a peu à peu construit ce village rural original qui se veut intégré au paysage naturel environnant. Moyennant une participation aux frais d’entretien, elle propose des petits fare et met à disposition de ses pensionnaires une cuisine équipée. Une somme de 200F par personne est demandée aux visiteurs qui peuvent ainsi utiliser les sanitaires et le réfectoire.
PK 18,8 – Le réfectoire :
Il a été construit en 2000 par l’association puis modifié, rénové pour des raisons de sécurité et d’hygiène au fil des années. Il est relié au réseau électrique EDT. On peut y admirer le tableau de Mahotu a Pierrot, offert à l’association en 2004. Il représente la création du monde polynésien : le temps où la grande pieuvre Tumu-raì-fenua maintenait la Terre et le Ciel uni pour engendrer notre environnement minéral et végétal.
L’accès au bain : Il faut entrer dans le réfectoire. L’accès se situe sur la droite.
Le bain : Un escalier de pierres aménagé dans la pente rocheuse conduit à un bain profond. Ombragée durant la majeure partie de la journée, l’eau est très fraîche et revitalisante.
Table d’orientation : Ce projet de l’association Haururu a pu voir le jour grâce au financement de la Direction de l’Environnement. Il a été réalisé par l’entreprise Pae-Tai-Pae-Uta en collaboration avec les membres de l’association Haururu pour toute la partie culturelle liée à la vallée et au ciel polynésien. Elle a été inaugurée en 2014. De cette place, on peut admirer le plus haut sommet de Tahiti, le mont Òrohena (2241 m) avec à sa droite, le mont Pito Hiti (2170 m).
Les fare et les sanitaires : Ils ont été construits en 2001-2002. Ils sont équipés de 4 matelas. Ils ne sont pas branchés au secteur. Pour y séjourner, consulter le site de l’association Haururu : Haururu.pf
Le fare metua, maison mère de l’association Haururu : Ce fut le 1er fare construit pour les membres de l’association en 1997. A l’origine sa toiture était en pandanus. Depuis il a été agrandi et sert maintenant de salle de réunions, de travail, de conférences pour ses membres.
Noha : Cet oiseau niche au fond d’un profond terrier en hauteur car il a besoin d’altitude pour s’envoler. A Fare-Hape, sur Te-Niu – la queue de la Chenille- tôt le matin ou tard le soir, on entend les petits piailler quand les parents reviennent pour les nourrir ou quand ils partent chasser. Le noha émet long sifflement pour savoir à quelle distance se trouve son nid.
La crête Te-Uru-Hē, – la crête de la Chenille et le mont Pito-Hiti :
Au 1er plan le corps et la queue de la Chenille. A l’arrière-plan à droite, on aperçoit le sommet pointu de Pito-Hiti : les Anciens disaient que le 1er rayon de soleil frappait Pito-Hiti avant Tahiti. Le terme Hiti est l’ancien nom de Tahiti, le mont Pito-Hiti est le pito de Tahiti, le nombril, le cordon de vie. La légende conte comment un couple échappa à un cyclone qui anéantit toute vie sur l’île en se réfugiant au sommet de la « plus haute montagne » : Pito-Hiti. En effet, suivant le point d’observation, elle paraît bien plus haute que l’Orohena à sa gauche.
Les grands fare du haut : Ils ont été construits en 2007, ils sont réservés à l’association et à ses manifestations culturelles lorsque le village du bas est occupé.
Accès à la rivière : Il faut contourner par la gauche le fare metua de l’association, traverser la cuisine ouverte pour accéder à un abri sous roche puis à la Vaitapaa en contrebas.
Le bain des anguilles : A partir de là, un petit sentier descend la Vaitapaa. De grosses anguilles y ont leurs demeures sous les rochers. Trois espèces sont présentes en Polynésie française : l’anguille de montagne, Anguilla megastoma, l’anguille marbrée, Anguilla marmorata et l’anguille de vase, Anguilla obscura qui préfère la basse vallée. Elles appartiennent au groupe des catadromes vivant en rivière mais se reproduisant en mer.
Anguille marbrée, puhi , Anguilla marmorata : « En Polynésie française, l’anguille est un symbole à la fois culturel représentant la création de la vie par nos légendes et à la fois écologique car ce poisson est le plus grand prédateur en équilibrant toute la chaîne alimentaire de nos rivières ».
P.K.19 L’ancien village de Fare-Hape : le site archéologique
Il se situe sur la rive gauche de la Vaitūòru, bordé par la rivière Vaitapaa et Fare-Fenua, montagne de 1000 m d’altitude, située sur la terre du même nom.
Ce site d’habitat a été restauré en 1987-88 par le département archéologique du Musée des Iles avec l’aide financière de la TEP, Transport de l’énergie électrique en Polynésie française et de Fonds européens7. Il s’étend sur 500 m d’est en ouest et a une largeur moyenne de 50m. Son occupation n’a pas été précisément datée mais les archéologues ont pu y relever une période d’intense activité entre 1650 et 1815. Il aurait ensuite été abandonné par les populations puis réoccupé par les Māmāiā8 entre 1825 et 18409. L’association Haururu entretient ce site depuis 1994. En 1999, elle a signé une convention avec le Pays lui attribuant l’entretien du site, convention reconductible tous les 9 ans.
Montagne Fare-Fenua, « maison du fenua » : la légende des « oiseaux sacrés de Te-Oropaa, nā manu ùra no Te-Oropaa» : Un couple sans enfants vivait au pied de la montagne Fare-Fenua. Annoncés par un arc-en-ciel, la femme mit bientôt au monde 3 enfants qui avaient l’apparence de 3 oiseaux magnifiques : Manu-ùra-Pihiti, Manutahi et Manurua. Mais rejetés par leur père, ils s’envolèrent vers la côte ouest de Tahiti. Manu-ùra-Pihiti s’installa à Faaa, ses descendants allèrent jusqu’à Bora-Bora, ses deux frères à Punaauia et Pāea.
Accès au site archéologique :1er ponceau : On accède au site archéologique par le petit ponceau au niveau du fare metua de Haururu.
Arbre àhià : En entrant, on aperçoit sur la gauche un àhià. Certainement introduit par les 1ers Polynésiens, cet arbre fructifie en général au début de la saison des pluies, Matarii-i-nià –les Pléiades à l’Est. Les fruits rouges de cet arbre étaient la nourriture préférée de la déesse-Chenille.
L’ancien village de Fare-Hape – ou Maison de la Chenille : A la 1ère extrémité du site, un espace cérémoniel centré autour d’une plate-forme de tir à l’arc (2) a été extrait de la pente boueuse de la montagne. Le culte des ancêtres déifiés, atua, caractérisait l’activité religieuse des anciens Polynésiens. Les marae de Papenoo (5) sont souvent édifiés contre la pente de façon à en absorber les forces de la terre, le mana. Des marae élémentaires sont placés à proximité (8-9-10).
Marae n°5-6 : En général, un marae est composé de trois éléments principaux :
-la cour rectangulaire, pavée, entourée ou non d’un mur d’enceinte
-le ahu : structure rectangulaire sur élevée ou non, située à une extrémité de la cour et réservée aux dieux et aux ancêtres
-les pierres : *dossiers : penchées, souvent au sommet arrondi, dans la cour marquant la place de l’officiant
*dressées sur le ahu ou à proximité, réceptacles des dieux ou des ancêtres.
Marae élémentaire : Les marae élémentaires (8-9-10) consistent en petits espaces pavés, enclos ou non, comportant des pierres dressées, parfois une pierre dossier mais jamais de ahu. Parfois un tii, image d’un dieu, y était installé. Le marae élémentaire représente la forme la plus élémentaire, de base du marae.
Unu Veri : Unu du cent-pieds : Ces unu, pièces de bois sculptées représentent les tāura –gardiens des familles tahitiennes. Ce sont souvent des ancêtres divinisés dont les formes terrestres visibles sont celles d’animaux. Placées dans les temps anciens à l’intérieur des marae, l’association Haururu a choisi de les retirer à la saison de Matarii-i-raro – les Pléiades à l’ouest- la saison sèche, puis de les replacer à la saison des pluies Matarii-i-nià pour matérialiser le cycle des saisons.
Pahu : Ce gros rocher (7) recouvert de fougères résonnait lorsqu’on le frappait avec la partie bombée de la tige de la palme de cocotier. Aujourd’hui il ne produit plus aucun son.
La plate-forme de tir à l’arc (2): Reconnaissable à sa forme « d’arc rentrant », cette plate-forme de tir à l’arc semble orientée vers un pic que l’association Haururu a pris l’habitude d’appeler le « Pic de l’Archer ». En réalité, l’axe de la plate-forme de tir pointe à gauche du Pic.
Le Pic de l’archer : A l’observation, le soleil du solstice du 21 décembre se couche juste à gauche de ce pic ; cela correspond aussi au coucher de l’étoile Ana-mua, Antarès dans la constellation de Te-Matau-a-Maui –l’hameçon de Maui- le Scorpion.
Le soleil et les étoiles étaient des repères marquants dans le calendrier cérémoniel tahitien.
Le fare Teàraa, maison du tir à l’arc, et son panneau explicatif : Situé derrière le grand māpē ou chataîgner d’Océanie, ce petit fare abrite un panneau explicatif, mis en place par le Service de la Culture et du Patrimoine (SCP). Il permet de se représenter ce qu’était le tir à l’arc dans les îles de la Société : une compétition de prestige intégrée dans un calendrier rituel et non à fonction guerrière.
Ùru, maiore : ùru maìi maà : Originaire de Nouvelle-Guinée et de Micronésie, l’arbre à pain a été apporté par les voyageurs polynésiens. Il représentait encore l’aliment de base quotidien à Papenoo au début du XXè siècle. Il serait issu du corps de Ruataata, ce père de famille dont le corps se transforme en arbre à pain pour nourrir sa femme et ses enfants lors d’une famine.
2ème ponceau sur site pour accès à la seconde partie : Les petits ponts du site ont été construits par l’association Haururu en 1999.
Le fare haupape : Datant de la période Māmāiā et reconnaissable à sa forme rectangulaire, il a été détruit en 2010 par le cyclone Olli. Grâce au financement de EDT, il a pu être reconstruit par l’association Haururu, mais elle a opté pour du pandanus synthétique, le pandanus végétal ayant une durée de vie trop courte dans cet environnement très humide. Il abrite aussi un panneau explicatif réalisé par le Service de la Culture et du Patrimoine.
L’espace d’habitations ou espace domestique : Entre les 2 petits ponts, s’étendait l’espace des habitations ou espace domestique entouré des terrasses horticoles. Le fare haupape et sa véranda frontale (8) sont construits sur une terrasse sur élevée, pavée et consolidée. Ils dominent les vestiges d’un fare pōtee, maison aux extrémités arrondies et du pavage de sa véranda (9). Cet ensemble ainsi que l’espace s’étendant au-delà du 3è ponceau font partie d’une petite vallée aménagée de terrasses horticoles irriguée et de maisons qui s’étend sur 400 m à l’intérieur des terres ; seules ces parties ont été dégagées.
3ème ponceau : Au-delà de ce 3ème ponceau, en suivant le sentier bordé de pierres, on découvre un vaste espace arboré. Sur la droite, suivant la période, on peut admirer les fruits rouges d’un ùefa ou rocouyer.
Ùefa : Cet arbre a été introduit à Tahiti en 1945. Il fleurit et fructifie 2 fois par an. À Fare-Hape, on a observé sa floraison au mois de mai. Ses graines sont enrobées d’une matière grasse rouge qui sert à faire une teinture rouge et est utilisée comme colorant dans l’industrie alimentaire.
Anciennes tarodières irriguées : Puis, on traverse d’anciennes tarodières irriguées par des systèmes de canaux creusés et aménagés avec des pierres. La boue très présente en ce lieu dès qu’il pleut et dès que l’on quitte le chemin, témoigne encore de la fonction de cet espace. Au-delà, on rejoint de nouveau un espace cérémoniel.
Du profane au sacré : Les terrasses horticoles étaient souvent aménagées entre l’espace domestique et l’espace cérémoniel. On s’achemine en fait du profane, l’espace domestique, vers le sacré, l’espace cérémoniel en passant par une zone intermédiaire de terrasses horticoles irriguées. Les arii, qui commandaient ce système hiérarchisé, étaient quant à eux, les intermédiaires entre les dieux et l’accès à la nourriture de la population, les garants de l’abondance alimentaire. L’organisation de l’espace reflète alors l’interrelation entre la stratification sociale et la stratification du sacré.
Le second espace cérémoniel : n°10 à 15
Il se compose de structures de pierres :
* un grand marae (13) orienté vers l’ouest, vers le coucher du soleil à l’équinoxe
* plusieurs marae élémentaires (14) attenants au marae principal entourés ou non de murs d’enceinte.
* une plate-forme de conseil (15)
* un grand rocher gravé de pétroglyphes (11)
… et de deux fare (10,12) construits par l’association Haururu.
Travaux archéologiques : La plupart des structures étaient ensevelies sous des dépôts de pente.
Opurei-a-Pere, météore ou météorite : 11
Selon la tradition, cette pierre a été projetée par le volcan ; les Anciens associaient Pere, la déesse du volcan, et le volcanisme en particulier. Ce grand rocher gravé de pétroglyphes se trouve dans l’écoulement d’une source intermittente. Les intempéries ont malheureusement dégradé les motifs qui sont aujourd’hui difficilement identifiables.
Les pétroglyphes :
Mis en valeur par le département archéologique, les motifs représentent :
-des figures humaines à simple trait
-une coiffe de deuilleur, partie supérieure gauche
-un homme lézard : partie basse situé dans le cours d’eau
-des cercles concentriques
À l’arrière de la pierre, un cent-pied ou scolopendre est représenté.
Le fare Manaha –maison des trésors sacrés : 10
Le 1er fare mesurait 18m de long et couvrait Opurei-a-Pere. Le 2nd a été décalé et construit plus petit. Dans les temps anciens, ce fare construit à proximité des marae abritait les objets du culte et les ustensiles sacrés, ainsi que le fare atua. Il s’agissait d’une petite arche faite de bois sacré, poli, avec un toit de fara, dans laquelle on plaçait les images ou réceptacles des dieux. On y fabriquait aussi les objets pour les cérémonies.
Le fare Tupapaù – maison pour cadavre : 12
Cet abri servait à l’exposition du corps d’un souverain ou d’un héritier royal. Le corps du défunt saturé d’huile pour empêcher la peau de se décomposer y était déposé sous la surveillance d’un prêtre. Puis la période de deuil terminée, le corps était enroulé dans du tapa, tissu d’écorce parfumé, placé dans un cercueil creusé dans un tronc d’arbre et caché dans le marae. Les ossements étaient ensuite transportés secrètement dans une grotte.
Motoì : Cet arbre est originaire d’Asie du sud-est, du nord de l’Australie. Il a probablement été apporté en Polynésie de l’ouest lors d’anciens voyages ; il est d’introduction moderne en Polynésie de l’est. Il est apprécié pour ses fleurs très odorantes utilisées en cosmétique et pour parfumer les couronnes.
Ûupa : Les ûupa, endémiques de la Société sont friands des fruits du motoì. On peut les surprendre, tôt le matin ou en fin d’après-midi dans ces arbres lorsqu’ils fructifient. Sa population est en déclin mais encore bien représentée ; l’espèce est classée « préoccupation mineure » sur la liste rouge de l’UICN. L’association a replanté ces arbres spécialement pour faire revenir les ûupa.
Àtae, arbre à baleines : D’introduction polynésienne, sa floraison rouge a lieu à l’approche de Matarii-i-raro, l’hiver austral ; elle est le repère annonçant l’arrivée des baleines, la pêche de plusieurs poissons et certains travaux agricoles. Depuis 2010, l’arrivée de la minuscule guêpe Quadrastichus erythrinae, responsable de la galle qui attaque les pieds et les conduit à la mort, a pratiquement condamné cette espèce à Tahiti.
Chenille : de la famille des Lépidoptères : Notre chenille est une Eudocima phalonia. Elle est hébergée par les àtae qui bordent le chemin d’accès aux villages et affectionne leurs feuilles. Le papillon, nocturne, se nourrit de ses fruits mais aussi des oranges, mandarines, corossols…; la prolifération du papillon est freinée par des prédateurs naturels mais tous les 4 ou 5 ans, on assiste à une pullulation de ces papillons dont la cause n’est pas expliquée et faisant suite à une longue période de sécheresse. L’adulte est considéré comme un ravageur agricole.
La montagne Te-Uru-Hē, la « tête de la chenille »: Cette crête à la forme originale représente la Chenille : le sommet arrondi étant sa tête et la ligne bosselée de sommets son corps. Le moment venu, escortée par les habitants, la chenille se rendait sur la montagne et se transformait en papillon. « Motif amplement féminin et protecteur, chaque segment de son corps représenterait autant de passages initiatiques de la vie d’un homme, voire d’une autre vie dans un autre monde ».
C2. De Fare Hape au barrage de Tāhinu
Sur une carte datant de 1875, le nom « Pihaiatata », désigne cette haute partie de la vallée. Ceci va dans le sens de la tradition orale qui en établit le statut de vallée refuge sous le nom de « Te-Piha-ia-Tētā, te fenua o Vaa-iti-ma-te-toì » – la « Chambre » de Tētā, la terre de Vaa-iti-ma-te-toì10. Ce statut n’est donc pas seulement attribué à Te-Faa-iti, dans la basse vallée. Cette partie de la caldeira se place alors sous l’autorité de Vaa-iti-ma-te-toì dont le nom est Teiva i-te feetere-i-te-vaa-iti-te-mata-toì, originaire de Raìatea et qui d’après Marau Taaroa est à l’origine de la construction du marae Taputapuatea11.
Route vers le barrage : Il est nécessaire d’avoir un 4×4. La piste est tracée et facile à suivre, ne pas s’écarter de la voie principale. Mais certains passages emplis de pierres peuvent être difficiles et d’autres rendus glissants par les pluies.
Accès à la rivière Māroto – espace fermé propre : Sur la droite de la route, un sentier mène à la cascade de la rivière Māroto qui serpente le long des flancs de la crête Te Uruhe –la Tête de la Chenille. Autrefois, elle se nommait Mareto du nom d’un grand guerrier qui y vivait. Elle était le siège de compétitions pour mesurer leur force : il s’agissait de soulever une pierre nommée Ânave – qui a de la force et du souffle- enduite d’huile de tiàìri, selon un rituel défini. Cette pierre de 87kg et de forme ovoïde était réputée jusqu’à Raìatea.
Confluence Vaitūòru/Māroto : Cette vallée fut aussi le siège de rencontres entre ses guerriers réputés pour leur vaillance au combat et plusieurs expéditions venues de Bora-Bora. Elles se terminèrent sans effusion de sang par des échanges de stratégies de combat. Chaque île ou archipel ayant ses propres techniques était réputé soit sur mer, soit sur terre. Les guerriers de Bora Bora changèrent le nom de Mareto en Māroto.
La cascade et le lac Māroto :
L’accès y est assez facile, cependant il faut traverser plusieurs fois la rivière Māroto.
Nous vous rappelons qu’il est conseillé de prendre un guide pour toute randonnée auprès des rivières.
Cette randonnée de 2h aller et retour, à une allure tranquille mène à une cascade et à un magnifique petit lac. Par temps ensoleillé, ses eaux très fraîches se parent de tonalités de bleus inattendues dans cet écrin de verdure. Assez profond, les amateurs de plongeons peuvent s’y essayer à partir de différentes hauteurs de la paroi.
Le pont Tāhinu : 5ème pont Financé et installé lui aussi par EDT Marama-Nui en 2017, ce pont répond essentiellement aux besoins d’exploitation dont la surveillance et la sécurité du barrage plus en amont. En effet, en cas de débordement, l’eau circule par le déversoir et, en fort débit, en coupe l’accès. Le pont Tāhinu maintient donc un accès au barrage même en cas d’écoulement par l’évacuateur de crues.
Accès au barrage : L’accès est interdit aux véhicules. A cet endroit, il faut continuer à pied sur la droite, en direction du barrage visible et imposant.
Te tūtae a Pere – les excréments de la déesse Pere :
En contre bas du barrage, coule un petit ruisseau dont le lit s’est teinté d’un dépôt orange d’oxyde de fer fixé par de petites algues que la tradition orale a associé à la déesse du feu sous terrain de la terre. Ces dépôts se retrouvent à divers endroits de la vallée.
Barrage Tāhinu vu de face :
Nous sommes à environ 400m d’altitude. Son esthétique est la même que celle du second barrage : une façade de gros blocs de roches rappelant la conception des marae de pierres et mesurant 37m de hauteur pour une longueur de crête de 200m.
Lac du barrage Tāhinu du haut de la digue : Ce barrage reçoit les eaux des rivières Tāhinu, Ìeìefaatautau, Muritahavai et du captage de la Māroto. Il a une capacité de 879 000m3. Il est possible de se rapprocher de l’accès à son déversoir en suivant la crête de l’édifice. Des vestiges archéologiques du nom de Tauaro y étaient édifiés. Une archéologie préventive fut réalisée et les structures furent sauvegardées.
Vue panoramique du cirque de montagnes : Au sommet du barrage, on découvre dans son ensemble « le cirque » de la haute vallée dont on occupe approximativement le centre, entouré des plus hauts sommets de Tahiti-Nui. Baptisés « chemins des ancêtres », des sentiers ou aroā avaient été tracés, passant par les cols qui mettent en communication la caldeira et les vallées environnantes, rompant ainsi l’isolement. Des arbres fruitiers ou des hibiscus rouges balisaient leur accès.
Te-Ure-Ahititerā : L’érosion intense a permis de faire apparaître des roches magmatiques qui ont cristallisé en profondeur comme ce massif de 759m nommé Ahititerā et constitué de roches grenues.
Pic Tià-Fariu : Cette aiguille de magma visqueux remontée à la surface est le signe de repère du sentier vertical, véritable escalier, pour démarrer la traversée Papenoo/Papara. Elle porte le nom de la terre. (Association Haururu)
Sentier d’accès à un vaste complexe cérémoniel : Selon les travaux du département archéologique du Centre Polynésien des Sciences Humaines de Tahiti, cet espace situé aux confluences de la Tāhinu et des rivières Ìeìefaatautau, Muritahavai était le plus peuplé de la zone. Sur les terrasses supérieures, repose un complexe cérémoniel formé d’une trentaine de marae et de sanctuaires dont les travaux de fouilles et de restauration débutèrent en 1990. Pour y accéder, il est nécessaire de suivre un guide pour une marche de 4h aller-retour.
Confluences Tāhinu / Ìeìefaatautau / Muritahavai : C’est au centre de l’île, à 379 m d’altitude que la Vaitūòru prend naissance de la jonction des trois rivières Tāhinu, Muritahavai et Ìeìefaatautau, respectivement sur les flancs de la crête Tetūfera et des monts Mouàtamaiti, et Teamaa. Sur certaines cartes, elle se nomme Tāhinu jusqu’à sa jonction avec la rivière Māroto.
Interfluve Tāhinu / Muritahavai : complexe cérémoniel Tāhinu : Au confluent Tāhinu / Muritahavai, se trouve le complexe cérémoniel Tāhinu. Il se compose de maisons d’habitations, de cours pavées, de 2 plates-formes d’archers et de 3 marae dont l’un figure parmi les plus vastes recensés de Tahiti, avec ses 44 m de long sur 20m de large. Les fouilles archéologiques y ont mis à jour des objets européens attestant d’une réoccupation historique de ce site. Entre 1815 et 1824, une communauté appelée Tūtae àuri ou « les contrevenants » par les missionnaires, s’y installe, fuyant le nouveau système de valeurs imposé. Elle y mène une vie traditionnelle tout en utilisant des objets européens.
Notes
1 ORLIAC Catherine et Michel, « L’Ecrit, le Dit et l’Enfoui« , in Mémoire de pierre, Mémoire d’Homme, Publications de la Sorbonne,
2 WILSON James, 1797, « A Missionary voyage in the ship Duff », Société des Etudes Océaniennes, Haere Po no Tahiti, 1997
3 BODIN Vonnick, « TAHITI, la langue et la Société », Editions ÙRA, Tahiti, 2006
4 HENRY Teuira, « Tahiti aux temps anciens », Société des Océanistes, Musée de l’Homme, Paris 2000, p.630 et MANUTAHI Charles, « L’histoire de la vallée profonde de Papenoo, île de Tahiti », Te tumu o te hiroà maòhi, Editions Veia raì, Papeete, 1997
5 BODIN Vonnick, Tahiti, la langue et la société, Editions ÙRA, Tahiti, 2006
6 Brochure CPSH, NAVARRO Maeva, BADALIAN Line
7 NAVARRO Maeva, « Travaux archéologiques dans la vallée de la Papenoo », Département Archéologie, 1992-1993
8 Māmāiā : secte qui s’est développée à Tahiti et dans les îles voisines (…). Elle prit naissance à Papeete enseignant l’indifférence de Dieu à l’égard du péché, l’inexistence de l’enfer et prônait l’utilisation d’éléments du culte païen. Dictionnaire Fare Vanaa 1999.
9 Brochure du CPSH, NAVARRO Maeva, BADALIAN Line
10 HENRY Teuira, « Tahiti aux temps anciens », Société des Océanistes n°1, Paris 2000
11 NIVA Paul Moohono, « Rapport de prospection archéologique, Vallée de Tefaaiti, Papenoo », Tahiti, novembre 2017